Dix conseils (vraiment utiles) avant le Grand Oral du bac
Quelques conseils que j’aurais payé cher à 17 ans.
Bonjour à tous et bienvenue dans Objection.
Aujourd'hui même commence l’épreuve du Grand Oral du baccalauréat !
Cela mérite bien une infolettre spéciale, adressée aux futurs bacheliers (ainsi qu’à leurs parents !).
Au programme : dix conseils que j’aurais personnellement adoré recevoir, adolescent, de la part d’un spécialiste des arts oratoires, au moment d’affronter cette épreuve de vérité.
Évidemment, n’hésitez pas à la transmettre aux candidats (et à leurs parents) stressés par l’épreuve !
Pour les plus âgés d’entre nous (et je me rends compte en écrivant ces lignes que je fête aujourd’hui les vingt ans de mon propre bac), il faut bien comprendre que nous venons d’un pays cartésien, analytique, où la culture de l’écrit a toujours triomphé.
Ce que l’on demande aujourd’hui à nos jeunes générations tient d’une petite révolution bienvenue : tester et évaluer les capacités oratoires et éloquentes des futurs citoyens.
Souvent, la formation à ces enjeux est mince (et c’est bien normal : il faut du temps pour changer une culture).
Alors, dans cette dernière ligne droite, je tenais à partager dix conseils pour vous aider à briller sur la forme autant que sur le fond.
Évidemment, ils arrivent en bout de course : votre exposé est prêt, vous avez travaillé vos sujets toute l’année (et je vous fais confiance là-dessus). Mais maintenant, c’est par votre voix, votre présence, votre manière de faire vivre vos idées que vous allez devoir convaincre.
Du haut de ma petite expérience (j’ai publié un livre consacré à cette question : Le Grand Oral pour les Nuls, aux éditions First), voici donc dix conseils utiles pour appréhender ce moment si particulier : le combat oratoire.
1. Si vous êtes stressé, c'est normal
Commençons par le commencement. Peut-être faites-vous partie de ceux pour qui la prise de parole est d’abord un combat contre soi-même. Si vous avez peur de parler en public, dites-vous bien ceci : c’est normal. Il s’agit là d’une des peurs les plus partagées au monde.
On pourrait dire, tout simplement, qu’en tant qu’êtres biologiques, nous n’avons pas été conçus pour défendre des points de vue devant une assemblée. Il s’agit en quelque sorte d’un accident de l’évolution darwinienne. Il est donc logique que notre cerveau perçoive un oral comme une situation de stress, voire de danger. Mais grâce à votre préparation et à vos connaissances, vous pouvez avoir la certitude que vous êtes prêt.
Astuce : n’hésitez pas comme un sportif à travailler votre visualisation. Imaginez votre parcours parfait dans votre tête les jours précédent l’épreuve !
2. Sentez-vous légitime : vous avez bien travaillé
L’une des principales causes du stress tient autant à la scène (être seul face à un auditoire) qu’au doute sur sa propre légitimité à s’exprimer. Je vais vous dire un secret : à partir du moment où vous maîtrisez votre sujet, vous êtes légitime. Les Grecs appelaient cela l’ethos. Les Romains disaient : "Connais ton sujet et les mots suivront." Vingt siècles après, ce conseil reste parfaitement valable.
3. Ce n’est ni un tribunal ni un exposé : c’est un exercice de conviction
On croit souvent qu’il faut "faire un exposé", aligner des arguments comme en dissertation, ou se transformer en mini-expert. Pire encore : parler comme si l’on était accusé devant un tribunal. Mauvaise piste. Le jury veut vous entendre en vrai, avec vos mots, votre manière d’expliquer. Parlez-leur comme à des adultes bienveillants : et considérez que vous êtes là pour leur faire comprendre quelque chose. Vous êtes devenu un orateur pédagogue. Assumez cette posture.
4. L’oral commence avant de parler
Avant même que vous ouvriez la bouche, le jury se fait une idée sur votre exposé. Votre posture, votre regard, votre manière de vous tenir comptent. Ancrez vos pieds au sol. Respirez. Regardez-les. Et commencez calmement. C’est votre moment : ils sont là pour vous écouter, pas pour vous piéger.
5. Vous avez le droit de respirer, de réfléchir, de chercher vos mots
Ce n’est pas une pièce de théâtre. Vous n’êtes pas noté sur la fluidité parfaite ou le débit d’un journaliste télé. Ce qui compte, c’est la clarté et l’authenticité. Mieux vaut une vraie pause qu’un faux mot. Et un petit “je reformule” est parfaitement acceptable. Même les politiques marquent des silences. Vous aussi, vous en avez le droit.
6. Faites simple, pas simpliste
Ne cherchez pas à en faire trop. Le piège, c’est de vouloir briller avec des mots compliqués ou des concepts mal maîtrisés. Visez l’intelligibilité. Si le jury sort en disant : "C’était limpide", vous avez gagné. Convaincre, c’est souvent rendre accessible.
7. Votre voix ne vous appartient pas entièrement
Elle dépend de votre souffle, de votre émotion, de votre stress. Pour qu’elle tienne, entraînez-la : lisez votre texte à voix haute, debout. Parlez devant quelqu’un (ou devant un miroir, ou même un chat). Soyez indulgent avec vous-même : votre voix tremblera un peu. C’est normal. Et c’est humain.
Astuce : faites attention à deux paramètres : le volume et le débit. Soyez capables d’alterner les registres, et faites attention à la voix qui a naturellement tendance à descendre en fin de phrase ! L’oral c’est une bataille pour maintenir l’attention, n’oubliez pas que la monotonie c’est l’ennemi de l’orateur !
8. Ne vous sabotez pas : ce n’est pas une récitation
Vous n’êtes pas en train de déclamer du Racine. Si vous oubliez un passage, si vous inversez deux parties de votre discours, ou si un mot sort à la place d’un autre : ce n’est pas grave. Parfois, c’est même mieux ainsi. Le plus important, c’est le message, pas la perfection formelle. Il arrive même que vous soyez sauvé par votre capacité d’adaptation ! Et si jamais vous dites une énormité ou faites un lapsus : corrigez-vous, simplement, avec assurance. Sans vous excuser. Sans vous enfoncer. Vous êtes aux commandes.
9. Ne jouez pas sur la défensive
Lorsque le jury vous pose une question en deuxième partie d’épreuve, ne partez pas du principe que vous avez dit quelque chose de mal. Ne subissez pas l’interrogatoire, ne donnez pas l’impression que vous doutez de ce que vous venez de dire. Généralement, on cherche simplement à vérifier si vous êtes capable de tenir votre position, sans trembler à la première objection.
La meilleure arme ici, c’est l’anticipation.
Vous savez très bien quels points de votre propos peuvent susciter une objection : préparez-les. Et au moment venu, adoptez une posture confiante, presque complice : "C’est une objection classique…" ou "C’est souvent le contre-argument auquel on pense dans ce genre de cas…" et même si vous êtes très en forme “Je m’attendais à cette question pour ne rien vous cachez”. Montrer que vous avez tout prévu, c’est montrer que vous maîtrisez.
Comme au tennis : ne restez pas en fond de court à renvoyer balle sur balle. Avancez au filet. Prenez la main.
10. Tenez votre ligne, assumez, et montrez-nous votre personnalité
Encore une fois, le Grand Oral n’est ni un interrogatoire, ni une scène de théâtre où il faudrait jouer un rôle. C’est un moment de parole incarnée. Alors tenez votre ligne : assumez votre point de vue, votre angle, votre approche. Ce n’est pas un simple exercice de type "prof/élève", mais un échange de "citoyen à citoyen".
Ce que le jury retient, ce n’est pas une réponse formatée, mais vous : votre manière d’expliquer, votre façon de défendre une idée, de prendre un pas de côté, d’oser une analogie, une comparaison, une formule de style. Une conviction. Une intuition.
Ne cherchez pas à cocher des cases. Cherchez à laisser une trace.
Cela vaut aussi pour la dernière partie de l’oral, celle consacrée à votre projet professionnel. Appliquez ce que l’on appelle dans les oraux des grandes écoles "la règle des trois P" : montrez le lien entre votre Parcours, votre Personnalité et votre Projet. Et si le sujet que vous avez choisi ne correspond pas à vos études post-bac ? Pas de panique ! Vous pouvez l’assumer, en expliquant ce qui vous a poussé à le traiter. Encore une fois, ce que le jury évalue, c’est votre capacité de conviction.
Voilà pour cet épisode très spécial d’objection !
Encore une fois, le Grand Oral commence aujourd’hui.
Si ce texte peut rassurer, aider, ou remotiver un lycéen ou une lycéenne que vous connaissez, faites passer !
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Dernière chose : si vous avez des questions ou besoin de conseils sur un point précis, n’hésitez pas.
Voyez cela comme une petite hotline improvisée : laissez votre question en commentaire et je me ferai un plaisir d’y répondre.
L’objectif, c’est simple : que vous obteniez la meilleure note possible.
Bon courage à toutes et à tous !
On se retrouve cette semaine pour explorer un levier rhétorique puissant et omniprésent : la nostalgie.
Bon courage à tous les lycéens !
Charles